Pardonnez-nous, amis, le silence de ces longs mois. L’été est propice à d’autres expéditions. Nous avons embarqué vers d’autres mers, sur des bateaux où le pavillon se nommait parfois «farniente» et parfois «travail». Tout cela fut intense comme un soleil d’Août. Nous imaginons que de votre côté aussi, l’estivant fut chargé de souvenirs. Nous espérons qu’ils furent aussi doux et bienvenus qu’une brise un soir de grande chaleur.
En attendant, notre bâtiment a été délaissé, jusqu’à cette rentrée des crabes. Alors, qui dit rentrée, dit ménage. On astique le pont artistique, on enlève les toiles d’araignées administratives. Un compte est -enfin- ouvert dans une guilde marchande. On commence à dénouer les nœuds marins des diverses déclarations. Prendre la mer n’est pas que chant aux vagues. L’entretien d’un navire amènent des tracasseries. On tache de les apprivoiser.
On pense, bien entendu, au prochain port. Il se nomme Nesle. On y accostera en Octobre. On y jouera une pièce, et pas à pile ou face. Elle parlera, entres autres, de savon de Marseille, de superstitions de marins, de combat contre les tempêtes et d’équipage aimant. Colportez la nouvelle, dans toutes les tavernes. Nous vous attendons avec impatience et aussi avec ce mot qui sonne comme un cri de perroquet : trac.
Oh et puis, qui sait ? Peut-être la lanterne magique du bord est-elle enfin réparée ? Peut-être qu’après une attente longue comme une traversée d’océan, elle vous offrira une surprise ? Il se chuchote que Fange est bientôt prêt. C’est une histoire à faire trembler les ports autant que les porcs. Car les monstres marins font parfois pâle figure face aux monstres humains. Soyez prêts pour ce frisson, braves gens, il arrive enfin.
Alors, en route vers Octobre. Voguons, mes amis et que la mer soit clémente.