Première. Dans le monde des saltimbanques, ce mot marque une date d’une pierre blanche comme l’écume. Il résonne comme une promesse. Il nous donne la chair de poule, la boule au ventre et le sourire aux lèvres. C’est un mythe de marin.
Première fois. Deux mots capables de convoquer bon nombre de récits. Les débuts contiennent tous les possibles. Alors, que dire de la première des premières ?
Oui, nous avons accosté. Enfin. Pourtant, jusqu’au dernier instant, il a fallu prendre garde aux récifs. Même l’amarrage ne fut pas de tout repos. L’administration mérite bien son sobriquet de «galère». Et les vagues de cette trop longue traversée continuent de nous en donner à l’âme. Pourtant, ça y est, nous avons joué. Nous avons fait notre première fois, comme les professionnels, comme les « grands ». Pas dans un théâtre, ceci dit. Dans un autre endroit. Au sein d’un Centre Hospitalier de Jour, nous sommes venus humblement proposer une promenade, d’histoire en histoire. Non, notre première n’était pas dans un théâtre et c’est tant mieux. Cela faisait longtemps que nous voulions naviguer ailleurs, de toute façon.
« Et ensuite ? » Un début peut devenir un précédent. Peut-être y aura-t-il d’autres promenades de ce genre. Sans oublier que depuis la cale, nous déchargeons une cargaison qui attend son heure depuis un moment. Laissons couler l'été comme la promesse d'un doux rêve. La rentrée se précise. Les murmures d’Octobre parlent de mains propres, la fange est presque coagulée et Shéhérazade n’est qu’endormie. « Et ensuite ? » Ensuite ? Qui pourrait prévoir tout de la mer ? Laissons-lui la possibilité de l’inattendu.