Comment remercier comme il se doit ces mois d’automne ? On dit que cette saison n’a pas grand intérêt en mer. L’air est froid et l’on ne peut admirer les couleurs ocres des bois. On dit cela et on se trompe. En mer, il nous reste les lumières et les vents. Les unes comme les autres nous ont offert de magnifiques cadeaux. Qu’il fut beau cet automne. Comme nous y avons grandi…
Il y a eu « En Mains Propres », bien sûr, d’abord et avant tout. Quatre soirées au port inoubliables. Partis à l’abordage de la scène, nous avons finalement eu ce que nous attendions depuis si longtemps. Bien sûr, ce fut un combat et les vagues nous ont parfois fait tanguer. Il a fallu se jeter à l’eau, risquer la noyade. Pourtant, au final, quel plaisir de nager. Enfin nous y étions et vous y étiez aussi. Vos applaudissements résonnent encore dans notre cale. Vos sourires et vos compliments servent de brise à nos voiles.
Cependant, il n’y a pas eu que « En Mains Propres ». A nouveau, nous avons quitté les cabarets pour faire du théâtre ailleurs. De nouveau, nous avons déambulé. Là, aussi, le public nous a suivi et surpris. Que d’émotions en le voyant autant jouer ce jeu un peu fou auquel nous l’avions convié. Pourtant, rien n’était gagné. Créer en aussi peu de temps, répéter un spectacle interactif sans autre interactions que nous-mêmes… De nouveau, il fallait plonger. Merci à ceux qui l’ont fait avec nous.
« Shéhérazade » aussi s’est terminé. Dans un théâtre pour le coup, elle qui avait commencé sur le pont, pendant les longues veillées, à une époque où nous guettions la lumière des phares. Emouvant, forcément, que de conclure cette aventure. Ce fut l’occasion de tester de nouvelles recettes : une pincée d’horreur, un zeste d’interaction, un peu de musique, quelques histoires courtes et beaucoup d’imaginaires.
Tant d’objectifs atteints. Tant de croix sur l’agenda de bord dépassées. Une fois redescendus sur mer, il faut bien penser à la suite. Faire voguer « En Mains Propres ». Faire débarquer « Fange ». Rêver à de nouvelles routes. À condition, bien sûr, qu’on ne revienne pas au temps des quarantaines. Osons croire que cette fois, ces vents porteurs ne s’arrêteront pas de souffler.