Une première année s’est achevée et sur les agendas de bord, on marque depuis bien longtemps deux fois « deux » pour dater les événements. Nos carnets sont devenus semestriels et cela n’a évidemment rien à voir avec la difficulté accrue pour le scribe de trouver de nouvelles métaphores maritimes. Disons qu’il s’agit là d’une temporalité qui nous conviendra mieux. On a déjà crié sous toutesles coques la fierté de l’année écoulée et des miles nautiques parcourues. On le répète ici, une dernière fois, parce que c’est important de s’en souvenir dans les tempêtes. Et ensuite ? Qu’a apporté cette année neuve ? Certains, peut-être, ont eu l’impression de nous perdre dans la brume.
Pourtant, ces mois n’ont pas été vides. Il y a eu déjà, l’escale dans les fjords nordiques et le plaisir d’y rejouer « En Mains Propres ». Chez l’habitant cette fois-ci, dans un très beau salon, mais toujours à bon port (nos plus proches amis y verront d’ailleurs un jeu de mot caché). L’occasion de confronter le spectacle, pour la première fois, à un public qui, majoritairement, ne nous connaissaient pas personnellement. Une tout autre expérience, non moins riche que celle du port de Nesle. Au-delà de cette représentation, ces mois ont été foisonnant comme un banc de poissons : en idées, en doutes, en réflexions et finalement en décisions. Une pièce a été écrite, puis rangé à la cale. Peut-être seulement pour le moment.
Il manquait à notre bâtiment de vraies singularités pour se démarquer dans la grande flotte des compagnies. En voilà donc deux : à babord, « hors les murs », à tribord « écriture du réel ». Ce« théâtre hors des théâtres » que nous avons déjà expérimentés sera une de nos spécialités. Nous voulons continuer de quitter les ports pour naviguer partout. Ainsi nous prévoyons pour cet été un itinéraire que nous espérons riche et qui nous mènera peut-être sur des rails, des rues, des parcs, des bars, des tiers lieux. Embarquez avec nous pour un « intense summertime » comme disent les marins anglais.
Et « l’écriture du réel » alors ? Ce sera pour un peu plus tard, quand viendra l’heure de la nouvelle saison. Dans la plus grande tradition orale des marins, nous allons recueillir des récits. Le plus possible. Ils concerneront quelque chose qui devrait parler à tout être qui vit près de la mer, à savoir l’environnement et la montée des eaux. A partir de ces récits, nous ferons une pièce. On vous en dira plus très vite. Pour le moment, voguons au soleil d’été !